Texte : Jean Andersson
Musique : Christopher Murray
Les gosses font des châteaux
de sable sur le dos
d’un voyageur de lune
Les gosses font des bateaux
d’écorce sur le dos
des marins de la brume
Les gosses font des dessins
de couleur sur le dos
des feuillages d’automne
Les gosses font des chagrins
de larmes sur le dos
des filles monotones
Les gosses font des guerres
de papier sur le dos
des p’tits soldats de pierre
Les gosses font des prières
en silence sur le dos
des croix des cimetières
Les gosses font des voyages
d’océan sur le dos
des éclairs de l’orage
Les gosses se font des ailes
ouvertes sur le dos
des plumes d’hirondelles
Les gosses font des pétales
de fleur sur le dos
des cerf-volants d’étoiles
Les gosses font des cigales
de fourmi sur le dos
des cahiers à spirales
Les gosses font des blessures
de couteau sur le dos
d’un livre de lecture
Les gosses font des « paroles »
de Prévert sur le dos
de leurs chansons d’école
Les gosses font des colères
de cœur sur le dos
des journées sans lumière
Les gosses font des prières
la nuit et sur le dos
du silence des pierres
Les gosses font des poèmes
en secret sur le dos
d’une couverture de laine
Les gosses font du Verlaine
chaque nuit sur le dos
du manteau de la neige
Les gosses font du silence
partout et sur le dos
de ceux pour qui l’enfance
Ce n’est rien que de gosses
partout et sur le dos
des voyageurs de noces…